J'ai nagé avec le grand Cachalot !

Jean François VIBERT - Journalist and photographer - Paris :vibert@actionreporter.com

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Texte et photos: Jean-François Vibert. Sur son site vous découvrirez les sons et la vidéo du reportage.

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J'ai ajouté quelques textes, photos ( à la fin de cette page ) et le son sur le cachalot.

Dans les caraibes, les cachalots flottent immobiles à la surface des eaux, laissant voir un dos sillonné de plis. Chacun soufflr tour à tour dans un immense fracas que suit un gémissement caverneux au moment de faire provision d'air. Dans les eaux limpides des caraibes, quand les baleines plongent, on distingue clairement leur imposante stature, au grand bonheur des observateurs. La plupart des touristes viennent ici pour les plages, la voile ou la vie de croisière, mais l'endroit compte également comme un haut lieu de l'observation de toute une variété une cétacés. En 1988, l'île magique de la Dominique s'impose dans la spécialité comme la première destination des caraibes orientales. Les excursions se font au départ de Roseau, en direction d'un groupe de 8 à 12 cachalots résidents permanents des grandes profondeurs, au large de la côte ouest. En leur compagnie: globicéphales, pseudorques, dauphins à long bec et dauphin tachetés. Les eaux chaudes des environs de la Dominique abritent également les cachalots pygmées, si difficiles à observer dans le reste du monde. Egalement sur les lieux, grands dauphins, dauphins de risso et dauphins de Fraser côtoient orques, cachalots nains et péponocéphales. Les tour-opérators spécialistes de la plongée organisent des excursions depuis la Martinique et la Guadeloupe, les deux plus grandes iles voisines de la Dominique. C'est en plein océan, à plusieurs miles au large des côtes de la Guadeloupe que l'on observe les cachalots,un matin, Mr Jean François VIBERT, journaliste et photographe à Paris, et l'équipage du bateau, croisent la route d'un jeune cachalot d'une dizaine de mètres. Espérant que l'animal ne sonde pas, il se glisse vite à l'eau et nage à sa rencontre, tenant mon appareil photo sous-marin d'une main pas très assurée

D'un coup, j'aperçois l'énorme masse sombre à une quarantaine de mètres de moi. Mon rythme cardiaque s'emballe et je commence à m'essouffler en nageant vers lui. En dessous de mes palmes : mille mètres de bleu parfaitement pur, je me sens vraiment tout petit, flottant comme un moucheron tombé à la surface de cet océan infiniment vide.
<Je ne réalise pas encore vraiment ce qui m'arrive. Je me dis que je suis vraiment trop près et j'essaye de nager doucement en arrière.
 
Au bout de quelques minutes j'ai réussi à calmer ma respiration... et décide de voir de quoi ça à l'air vu d'en dessous ! >
Mon émotion grandi soudain lorsque je comprends que le cétacé vient de faire demi-tour et se rapproche de moi ! Inutile de palmer maintenant ! J'en profite pour respirer à fond et essayer de me calmer. Je me souviens des conseils de Renato Rinaldi, le spécialiste des cétacés qui m'a entraîné dans cette aventure : « Ne cherche pas à t'approcher du cachalot. Seulement s'il le veut bien c'est lui qui viendra à toi ». Et c'est fou... Mais c'est exactement ce qui est en train de se passer ! Ce jeune mâle d'une dizaine de mètres vient à ma rencontre. Trente mètres, vingt mètres, dix mètres, pfff Ça nage vite un cachalot. Bon sang mais il est fou ce mec : il me fonce dessus !
<Soudain le voilà qui remonte du fond en tournant la gueule dans ma direction ! Que va-til faire ?
 
L'énorme masse se déplace avec grâce et sans efforts apparents. Pourtant sa vitesse est assez rapide, d'un imperceptible mouvement du corps il va bien plus vite que moi quand je palme de toutes mes forces.>
Je suis complètement immobile, comme paralysé. Et le voilà face à moi Seulement deux mètres me séparent de ses trente tonnes ! C'est alors qu'une série de clic-clic très rapides et très puissants résonne dans mes oreilles. Inutile de hurler mon ami, je t'entends cinq sur cinq ! Il faut dire que la portée de son système d'écholocation se compte en kilomètres. Peut-être me dit-il bonjour en langage cachalot, ou peut-être essaye-t-il de déterminer quel espèce d'animal je suis ? Je ne sais comment répondre. Alors j'allume le flash de mon appareil photo sous-marin dont la batterie émet trois petits bip... Pas de réactions. Je prends quelques images. Ouf ! Il ne semble pas importuné par les éclairs du flash, je vais pouvoir photographier tranquillement le plus formidable prédateur vivant encore à la surface de la planète !
< Frustrant de ne pouvoir utiliser de bouteilles lors d'une telle rencontre..

. Seule la partie avant de l'animal (jusqu'à la bosse dorsale) est visible en surface. >

La veille au soir, j'avais justement lu que l'on avait retrouvé dans le ventre d'un cachalot capturé aux açores, un requin pèlerin de deux mètres cinquante... avalé d'un seul coup Pourtant on sait que le repas habituel du cachalot est plutôt constitué de calmars géants qu'ils vont chasser jusqu'à mille mètres de profondeur lors d'apnée d'environ quarante minutes. Je n'ai pas eu peur... Mais j'ai les guiboles en compote ! Allons, tant qu'on ne les embête pas, les cachalots n'attaquent pas les plongeurs. Nous ne sommes plus au temps de Moby Dick, époque à laquelle le cachalot vendait chèrement sa peau envoyant par le fond baleinières et marins, comme le décrit Herman Melville dans son célèbre roman !
<Le principe est de se déplacer pour obtenir le meilleur écho possible avec l'hydrophone. Puis il faut attendre que le cachalot remonter et souffle.
Alors que je plonge à une dizaine de mètres pour le photographier d'en dessous... Il décide m'accompagner et se laisse couler lui aussi ! A bout de souffle je remonte... et le voilà qui fait surface à son tour, probablement un peu frustré de ne pouvoir me faire faire le tour du propriétaire ! >
Je sors la tête de l'eau et j'entends Rénato crier du bateau : « Attention Jeff, t'es trop près, éloigne toi ! Pas d'excès de confiance, hein». Ses consignes de sécurité me reviennent alors : « s'il fait des bulles ou s'il ouvre la mâchoire, c'est qu'il est énervé. Dans ce cas, tu reviens d'urgence au bateau, car on ne sait pas comment il pourrait réagir ». Voilà pourquoi on évite de plonger avec des bouteilles pour observer les cétacés : ils détestent voir des bulles qui sont probablement un signe d'agressivité entre eux. ( en effet, les cétacés lorsqu'ils se sentent agressé, "dégage" des bulles et de voir les bulles d'air d'un plongeur peut-être ressenti comme une grande menace par ces animaux) « Les cachalots peuvent aussi avoir des coups de folie, explique Renato, je me souviens qu'une fois un mâle curieux avait voulu poser sa tête énorme sur l'arrière de mon hors-bord. Quarante tonnes contre cinq cent kilos, il a bien failli nous faire chavirer ».
< Mobydick nage sur le ventre... ou sur le dos ! Ce qui nous permet d'observer sa mâchoire toute en longueur.
Une attitude classique des cachalots : placés verticalement ils sortent le tête de l'eau pour observer ! >
D'accord, d'accord ! Presque à regret, je palme un peu de côté, de toute façon faudra bien que je recule pour le prendre en photo, car, à cette distance il est tellement gros, qu'il ne rentre même pas dans le cadre. Pas de bulles, pas de mouvement de mâchoires, pour l'instant mon cachalot à l'air serein. Sa peau est assez claire, il est curieux et joueur. En effet, alors que j'essaye de le contourner, il tourne sa tête dans ma direction et ne me quitte pas de l'oeil. Je prends ma respiration et je plonge une dizaine de mètres sous la surface pour le photographier d'en dessous, et lui aussi se laisse couler à la même profondeur !

< Le cachalot ne possède qu'un seul évent situé sur le côté gauche de sa tête, c'est par là qu'il respire

A quelques mètres du cachalot je peux même sentir l'air expulsé par son évent : une odeur très... marine ! >

Incroyable, il est en train de jouer autour de moi un peu comme s'il avait décidé de m'étudier ! Le cachalot plonge, se retourne sur le dos et passe juste deux mètres en dessous de moi provoquant des remous très perceptibles. Je suis au-dessus de sa gueule qui mesure bien un mètre cinquante, puis son ventre défile sous mes palmes et me voilà surplombant son immense nageoire caudale dont un seul coup maladroit suffirait à me briser les reins ou à renverser notre hors-bord. Le ballet sous-marin se poursuit ainsi encore un bon moment. Confiant, le cachalot me tourne tranquillement autour, se rapprochant de plus en plus J'entends Renato qui s'agite sur le bateau visiblement un peu tendu, attentif à la sécurité de sa frêle embarcation autant qu'à la mienne.

< Vue d'en dessous le cachalot avec sa grosse tête carrée ressemble à un sous-marin nucléaire !

En guise d'adieu le cachalot montre sa caudale au moment de sonder. Il fera surface dans 40 minutes. >
Pourtant je me sens en parfaite sécurité, oserais-je dire en harmonie avec mon nouveau copain. Comme j'ai fini mes photos, je me rapproche du hors-bord suivi de près par le cétacé avec l'idée de changer de film. Renato me tend le bras et m'aide à remonter sur bateau. Il m'annonce que je viens de passer 27 minutes dans l'eau et je suis très surpris que tout cela ai duré si longtemps. Je change vite mon film Mais déjà le cétacé s'éloigne et disparaît dans les abysses. Je me sens d'un coup complètement épuisé : je crois que ça ira bien pour aujourd'hui ! Depuis longtemps je rêvais de jouer un jour avec des dauphins, mais jamais je n'aurais imaginé que cela puisse m'arriver... Avec un cachalot !
< Relief d'un repas de cachalot : ce reste de poulpe (ou de calmar) retrouvé flottant à la surface en plein océan. (Découvrez le calmar géant en cliquant ici)
Renato Rinaldi écoute et enregistre le chant des cachalots grâce à un hydrophone. >

Observez vous aussi les cétacés en Guadeloupe...
 
Entre novembre et mai à bord du catamaran le Catadive, vous pourrez observer les cétacés entre 5 et 10 miles au large : cachalot, baleine à bosse, globicéphale tropical, dauphin tacheté pantropical ou orque naine.
 
< Renato chez lui près de Bouillante, Toute sa maison construite dans la forêt est dédiée à sa passion des cétacés.
A droite, il me montre le crâne d'une orque naine et à gauche celui d'un dauphin.

L'approche respecte une charte stricte définie par des organismes de protection des cétacés afin de ne pas déranger les animaux. Dans ces conditions il vous sera possible de les observer à quelques dizaines de mètres seulement. Évidemment hors de question de vous mettre à l'eau avec les cétacés (ce genre de privilège est réservé aux scientifiques ou à des photographes pour les besoins d'un reportage).

  Grâce à des hydrophones et à un matériel pédagogique complet, vous pourrez écouter le chant des baleines et les clics des cachalots. La sortie whale watching dure une demi-journée. Prix de 120 à 240 F.

Centre de plongée Les heures saines ­ Réserve Cousteau
Le Rocher de Malendure ­ Pigeon. 97132 Bouillante ­ Guadeloupe
Tél. 0590.98.86.63 ­ Fax. 0590.98.77.76

heusaine@outremer.com
Les chances d'observations de cétacé au cours d'une sortie de 3 heures entre novembre et mai sont de 90 %
Un cachalot curieux s'approche du Catadive qui a éteint ses moteurs. Les appareils photos crépitent.
Les dauphins accompagnent le Catadive en jouant sur la vague d'étrave.
Pour participer à l'étude, au recensement et la protection des tortues marines et des cétacés en Guadeloupe :
 
Outre le recensement des cétacés, l'association organise des tours de garde nocturnes pour surveiller les plages ou viennent se reproduire les tortues marines. On vous fourni tentes, lampes, sac de couchage et divers matériels... et vous aurez peut-être la chance d'assister à la ponte de ces véritables fossiles vivants.
 
 
Renato Rinaldi - Association évasion tropicale.
Courbaril 97125 Bouillante. Guadeloupe FWI
Tél. 0590.57.19.44. Fax. 0590.98.77.76.
evastropic@wanadoo.fr
 
 
Pour vous rendre sur place (et plonger dans la réserve Cousteau)
 
Ultramarina (voyagiste plongée)
Gérard Carnot - 37, rue Saint Léonard ­ BP 33221
44032 Nantes cedex 1
Tél. 02.40.89.34.44. Fax. 02.40.89.74.89
info@ultramarina.com

Identification du cachalot

Le Cachalot : Sa téte énorme représente 1/3 de sa longueur totale ( 16 à 18 m. ) pour 50 tonnes. La màchoire inférieure est longue, fine et cylindrique. Son évent unique disposé dorsalement et à gauche de la téte, peut souffler à 7 m. avec une inclinaison caractéristique à 45 ° vers l'avant. Sa gorge est striée d'une vingtaine de rayures peu marquées. Sa nageoire dorsale triangulaire est discréte , la caudale de méme forme atteint 4,5 m de large. Le corps est uniformément gris foncé, excepté la bouche et une tàche ventrale blanchàtres. La gestation dure 15 mois puis 2 ans d'allaitement pour un petit tous les 4 à 5 ans dont la croissance est lente. Les rencontres se font souvent avec des groupes de 2 à 5 individus. La longévité de l'espéce est de 60 ans. Les impulsions sonores ressemblent à des clics qui à l'image du radar permettent la localisation de poissons de grande taille et céphalopodes dont le calmar des abysses, ses proies. Pour se les procurer, il peut sonder à 2000 m et rester en immersion 1 heure.

La plongée la plus profonde, relevée en 1991, était de 2000m. Effectuée par un cachalot màle prés de la cote de la Dominique, dans les Caraibes. Le cachalot détient également le record d'apnée, le 11 novembre 1983, des biologistes ont écouté cinq cachalots émettre des cliquetis sous l'eau lors d'une plongée qui a duré 2 heures et 18 minutes.

photos de: http://abyssia.ifrance.com