LE CACHALOT , SEIGNEUR DES OCEANS
Le cachalot est le plus gros des odontocètes ; le mâle adulte peut dépasser 18 mètres de long pour 50 tonnes et les femelles mesurent en moyenne 12 mètres de long pour 40 tonnes. Espèce cosmopolite, le cachalot est présent dans tous les océans du monde, mais seuls les mâles attegnent les latitudes les plus élevées; Les femelles tendent à être plus sédentaires. L'aire de répartition des mâles s'étend entre les glaciers antarctiques et le 75° parallèle nord, les femelles ne dépassant pas le 50°parallèle des deux hémisphères. Partiellement isolées, les diverses populations de mâles et de femelles peuvent toutefois se rencontrer entre l'Atlantique et l'océan indien, autour du cap de Bonne-Espérance (35°parallèle sud), et entre le Pacifique et l'océan indien, vers les îles de la Sonde et au Sud de la tasmanie (43° parallèle sud). Seuls les mâles franchissent le cap Horn (57° parallèle sud) qui relie l'Atlantique et le Pacifique. A propos des échanges entre les deux hémisphères, un seul individu marqué ayant réussi à passer l'équateur a pu être enregistré. Les connaissances actuelles en matière de répartition des cachalots proviennent essentiellement des journaux de bord des baleiniers américains qui ont chassé cette espèce jusqu'à la fin du 19° siècle. Le schéma général des migrations est identique à celui des rorquals : en hiver, les animaux rejoignent des eaux plus chaudes, prés de l'équateur, pour se reproduire, et en été ils se rendent aux pôles pour se nourrir. L'organisation sociale de l'espèce est assez complexe et structurée en groupe séparés en fonction de la maturité sexuelle. On constate en fait deux regroupements : les individus qui se reproduisent et les "célibataires". Formé en permanence de femelles de tous les âges et de jeunes mâles, le premier peut compter de 4 à plus de 100 animaux. Un ou plusieurs mâles adultes rallient le groupe uniquement à la saison des amours, en revanche, les jeunes mâles s'en éloignent avant d'atteindre la maturité sexuelle, entre 15 et 21 ans.
Seuls les mâles et les femelles immatures des cachalots sont grégaires et vivent généralement dans la zone tropicale tempérée, sans s'aventurer jusqu'à des latitudes plus élevées. | Quand il sonde, le cachalot relève la queue et s'enfonce verticalement sous l'eau pour atteindre des profondeurs considérables, où il peut se tenir immobile pendant de longs moments avant de ressortir exactement là où il avait plongé. | Les mâles matures, quant à eux, sont normalement solitaires et rejoignent les extrémitès de leur aire de répartition. |
Le lien entre les femelles et le reste des individus est trés fort et, apré en avoir marqué quelques-unes, on s'est aperçu qu'elles peuvent rester plus de dix ans dans le groupe. Les célibataires sont tous des mâles, généralement du même âge et de la même taille. Les individus plus petits et jeunes forment des groupes plus importants que les animaux grands et matures; les vieux et gros mâles, quant à eux, deviennent solitaires. La plupart du temps, le troupeau nage à la surface, à une vitesse de 8 kilomètres/heure, mais en cas de danger, les cachalots font des pointes à 30km/h. Par temps calme, il n'est pas rare de voir ces gros cétacés immobiles à la surface de l'eau. seuls les Ziphiidés peuvent rivaliser avec eux en matière de plongée. Ils descendent à plus de 1000 mètres de profondeur et peuvent rester une heure en apnée, mais on à assisté à des immersions exceptionnelles de deux heures à prés de 3000 mètres.
La livrée du cachalot n'est pas uniforme et présente quelques taches blanches autour de la bouche, sur les flancs et sur le ventre, ainsi que des plaques plus claires ou plus foncées dues à la mue. | Tout le corps, sauf la tête, est parcouru de plis et de protubérances, avec souvent des cicatrices sur les flancs et autour de la gueule, souvenirs de rivalités entre mâles ou de combats contre de gros calmars aux tentacules crochus. | Dans leur milieu naturel, les cachalots adultes n'ont pratiquement pas d'ennemis, mais les jeunes risquent fort d'être attaqués par un orque ou un gros requin, aussi ont-ils l'habitude de ne jamais quitter leurs mères. |
Dans tous les océans, les céphalopodes constituent l'essentiel de l'alimentation des cachalots. Toutefois, selon les régions, le menu peut varier en fonction des proies disponibles. |
Quatre campagnes successives conduites depuis 1997 dans le cadre du programme « Ulysse » (GREC/CRC) ont permis dobtenir un jeu de données unique fournissant une vision globale de la distribution du Cachalot sur lensemble du bassin méditerranéen.
Cinq régions principales de la Méditerranée ont été couvertes :
La méthode du transect linéaire a été appliquée couplée à un échantillonnage acoustique réalisé grâce à un hydrophone tracté à larrière du bateau. Sur lensemble de létude, 29 observations de Cachalots ont été faites, représentant un total de 65 individus, pour la majorité dans le bassin occidental. Au niveau du bassin nord occidental, les observations ont eu lieu au large des côtes provençales et du Golfe du Lion car le courant ligure déplace la chaîne alimentaire vers lOuest. Détection des individus sur le talus continental à des profondeurs inférieures à 2000 m, ceci étant dû à leur source de nourriture (calmars) localisée à cet endroit qui est donc définit comme étant une zone de nourrissage. Le problème est que cette zone de nourrissage se situe à lOuest du bassin et donc hors du sanctuaire. Dans le bassin sud occidental ont été observés non plus des individus en nourrissage (sonde) mais des groupes sociaux : 3 à 8 individus comportant des nourrissons et des nouveaux nés ont été recensés aux Baléares, en mer Tyrrhénienne et en mer Ionienne. Les deux méthodes dobservation, visuelle et acoustique, ont permis didentifier des zones de concentration de lespèce en été. De plus, lensemble des résultats du programme tend à montrer une ségrégation des mâles adultes isolés et des groupes matrimoniaux (femelles et juvéniles) en fonction de la latitude (et donc de la température qui est plus favorables aux jeunes dans le bassin sud occidental).
Avant 1800, on s'éclairait à l'aide de torches, de chandelles de suif et de lampes à huiles extraites de graisses animales. Parce qu'elle exhalait une odeur moins forte et produisait moins de fumée que la plupart des autres combustibles, l'huile de baleine, particulièrement celle des sinus de cachalots, était très populaire pour la fabrication d'huile à lampe et de chandelles. Toutefois, l'huile de cachalot, connue également sous le nom de « spermaceti », était très coûteuse. Au début des années 1800, un gallon pouvait coûter 2 $, soit l'équivalent de 200 $ aujourd'hui. La chasse à la baleine est alors devenue une industrie florissante, puisque l'huile de cachalot servait à l'éclairage, et l'huile de baleine, à la lubrification des pièces de train (huile de thran). Aux États-Unis seulement, la flotte de baleinières est passée de 392 navires en 1833, à 735 en 1846. En 1856, l'huile de cachalot se vendait 1,77 $ le gallon, et les États-Unis produisaient de quatre à cinq millions de gallons de spermaceti et de six à dix millions de gallons d'huile de thran par année. La demande d'huile de baleine a eu un effet désastreux sur les populations de baleines, à tel point quecertaines espèces ont failli y passer. Les baleines franches, l'une des variétés les plus rares, étaient éliminées au rythme de 15 000 par année au début des années 1800 et lorsque, à cause de leur rareté, on s'est mis à s'intéresser à d'autres espèces, il n'en restait plus que 50 000. Si la demande d'huile de baleine avait continué de croître, nul doute que plusieurs espèces de baleines auraient disparu.
« N'eut été la découverte de l'huile de charbon, la race des baleines aurait tôt fait de s'éteindre. On estime que toute cette famille aurait pu disparaître en dix ans. » On doit la découverte de l'huile de charbon à Abraham Gesner, un Canadien né le 2 mai 1797 près de Cornwallis, en Nouvelle_Écosse, et décédé le 29 avril 1864 à Halifax, où il venait d'être nommé professeur de chimie à l'Université Dalhousie. M. Gesner était médecin, géologue, chimiste, inventeur, professeur et auteur. Il a étudié à Londres, où il a reçu des diplômes en médecine et en chirurgie. Il a aussi été le premier géologue gouvernemental d'une colonie britannique. Il a étudié, décrit et cartographié les formations rocheuses de Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard. À partir d'environ 1846, il a fait des expériences de distillation d'« huile de charbon » à partir d'hydrocarbures solides et a donné le nom de kérosène à l'huile à lampe qu'il avait perfectionnée en 1853 et fait breveter en 1854. M.Gesner a fait la première démonstration de la puissance d'éclairage de l'huile de charbon à Charlottetown (Î.-P.-É.) en 1846. Parmi ses autres inventions, signalons des produits de préservation du bois, une méthode d'asphaltage des routes, des briquettes constituées de poussière de charbon compressée et une machine à isoler les fils électriques. Après avoir présidé à l'établissement d'une usine à Long Island, en 1863, il a vendu ses brevets et est revenu à Halifax où il est devenu professeur à l'Université Dalhousie. Il est décédé à Halifax.
Faut-il achever les cachalots échoués ?
Tant qu'il y a suffisamment d'eau sur la plage à marée descendante, le cachalot échoué reste en position droite, l'évent en position verticale. Mais quelques heures plus tard, la marée étant complètement basse, le cachalot n'est plus soutenu et il bascule. Son évent se retrouve donc parfois dans l'eau d'une flaque et il ne peut plus respirer. C'est le compte à rebours avant l'asphyxie. En plongée, le cachalot (Physeter macrocephalus) peut faire des apnées de deux heures mais en situation de stress intense, comme lors d'un échouage, l'apnée peut se réduire à moins d'une heure. Très régulièrement après chaque échouage, où le public a assisté impuissant à la longue agonie des baleines, des personnes demandent s'il n'est pas possible d'achever les mourants. Ce qui frappe lorsqu'on observe l'agonie d'un cétacé sur une plage, c'est le calme et l'immobilité dans lequel il passe de vie à trépas. Au moment où le taux d'oxygène dans le sang descend sous un certain seuil, le cétacé perd conscience, avant de mourir d'asphyxie. D'autre part il est curieux d'observer qu'un cétacé qui s'échoue (qui donc n'est plus dans son élément naturel) semble paniquer beaucoup moins qu'un animal terrestre tombé à l'eau. Certains cétologues en concluent donc que la mort par asphyxie n'est peut-être pas aussi douloureuse pour les cétacés qu'elle l'est pour l'homme et que, par conséquent, il n'est pas nécessaire d'abréger leur agonie. A y réfléchir de plus près, indépendamment du bien fondé de l'opération, les différentes méthodes de mise à mort de baleines échouées semblent surtout inefficaces, quand elles ne sont pas inapplicables ou même contraires à la loi.
Prenons quelques exemples :
Il faudra assumer encore longtemps cette terrible et impuissante frustation face aux échouages de baleines. Non seulement on ne sait toujours pas vraiment pourquoi différentes espèces de cétacés s'échouent collectivement, nous n'avons pas de moyens techniques suffisants pour les remettre à l'eau, et en plus il n'y a pas grand chose que nous puissions faire pour les aider à mourir. Un échouage est toujours un intense moment d'émotion.