la légende du kraken.

Le kraken est « le plus gros monstre marin de notre planète ». Ses bras sont longs comme les mâts des vaisseaux, et lorsqu'il stationne à la surface, « un régiment pourrait manoeuvrer sur son dos ». D'abord cantonné au bestiaire fantastique des marins, le kraken a acquis droit de cité dans la nomenclature zoologique. Comment en est-on arrivé à l'identifier à un calmar géant ?

Histoires

Les histoires au sujet de Kraken, de Norvège datent du douzième siècle, se rapportent à une créature de la taille d'une île. Même en 1752, quand l'évêque de Bergen, Erik Ludvigsen Pontoppidan, a écrit son histoire naturelle de la Norvège il a décrit le Kraken en tant qu'"une île flottante " une milles et demi à travers. Il a également noté "Il semble que ce sont les bras des créatures, et, il est dit, si elles devaient étendre la prise de la plus grande homme-de-guerre, elles la tirerait pour avaler au bas. " Les histoires postérieures de Kraken réduisent la créature à un plus petit, mais encore monstrueux.

Au moins à trois occasions dans les années '30 elles ont attaqué un bateau. Tandis que les calmars obtenaient le plus mauvais de ces rencontre quand ils glissaient dans les propulseurs du bateau, le fait qu'ils ont attaqué à toutes les expositions qu'il est possible que ces créatures confondent un navire avec une baleine.

Les récits des marins scandinaves décrivent un monstre pourvu de nombreux bras aussi longs que des mâts, qui s'agrippe aux navires et les entraîne vers le fond ; très vivante dans le folklore, la créature n'a pourtant jamais été représentée et garde tout son mystère jusqu'à l'entrée en scène des naturalistes, au XVIIIe siècle, qui pensent avoir trouvé son identité. Le mythe serait une version magnifiée d'un animal réel, le poulpe géant. Cette naturalisation d'un mythe semble légitimer des témoignages qui ne paraissent plus relever de l'imaginaire. En réalité, les choses ne sont pas aussi simples. En projetant des catégories zoologiques modernes sur d'anciens monstres, on introduit une fausse continuité historique qui gomme les différences entre la créature populaire et le céphalopode.

La première mention nominale du kraken se trouve dans l'oeuvre d'un voyageur italien. Francesco Negri (1623-1698), prêtre de Ravenne, avait dévoré la première somme publiée sur les pays nordiques, l'Histoire des peuples septentrionaux (1555), de l'évêque suédois Olaus Magnus. Désireux de compléter cet ouvrage clé, Negri visita la Scandinavie entre 1663 et 1665. De retour au pays, notre aventurier du savoir entreprit la rédaction de ses notes de voyage. Hélas, il mourut avant que son oeuvre, Voyage septentrional, ne soit publiée en 1701. Dans les chapitres consacrés à la Norvège, l'Italien apporte sa contribution aux données rassemblées par Olaus Magnus sur le serpent de mer. Dans la pro- vince de Trondheim, ses informateurs lui décrivent un autre monstre marin : « On nomme sciu-crak un poisson démesuré, de figure plate et ronde, pourvu de nombreuses cornes ou bras à ses extrémités ; au moyen de ces cornes, dressées de toutes parts, il enserre les petits esquifs des pêcheurs et tente de les submerger. » D'après Negri, le sciu-crak n'émerge que durant le solstice d'été et par calme plat. Il monte des profondeurs, lentement et « le dos en haut ». Quand la sonde révèle aux pêcheurs la présence de hauts fonds anormaux, ceux-ci comprennent que le monstre remonte vers la surface. Les équipages s'éloignent alors en toute hâte. Certains prêtent à ce poisson les dimensions d'une baleine. Negri a noté le nom de la créature. Sciu correspond au norvégien soe (mer) et crak doit se lire krake ou kraken. Le prêtre de Ravenne est le premier à offrir une description d'un monstre local qu'il ne cherche pas à identifier zoologiquement.

Un demi-siècle plus tard, le « poisson démesuré » trouve sa place dans la monumentale Histoire naturelle de Norvège (1752-53) de l'évêque de Bergen, Erik Ludvigsen Pontoppidan. Dans la seconde partie de son traité, le prélat naturaliste a dédié un chapitre à l'étude rationnelle d'un trio de monstres marins décrits par les habitants de la côte Ouest de la Norvège, l'homme marin, le serpent de mer et le kraken. Pontoppidan écrit de ce dernier qu'il s'agit du « plus grand monstre marin du monde ». On le nomme krake ou krabbe (crabe), « nom qui lui est appliqué de préférence ». Le Norvégien, ignorant de l'ouvrage de Negri, utilise les mêmes expressions pour dépeindre cet être de forme « ronde, aplatie, et pleine de bras ». Pontoppidan a recours à son tour au terme étrange de « cornes » pour désigner les membres de la créature. Cet animal colossal ne se montre jamais en entier. Seule apparaît sa partie supérieure, qui ressemble à un archipel. L'évêque se hasarde à attribuer une identité naturelle au kraken.

On lit souvent que Pontoppidan est le premier auteur à avoir assimilé le monstre nordique à un poulpe géant. C'est inexact. Pour lui, le kraken était une forme démesurée d'étoile de mer arborescente ou Tête de méduse. Quelles données pouvaient légitimer une identification aussi curieuse ? Le hardi théoricien s'appuyait sur le témoignage des pêcheurs, qui présentaient les petites astéries de la côte comme des rejetons du kraken. Mais surtout, Pontoppidan s'efforçait de fournir une traduction scientifique au terme énigmatique de « corne ». Il s'agirait ici des bras d'une étoile de mer ; la solution investit de consistance zoologique les formes vagues et malléables d'un monstre façonné par la tradition orale. L'être ne dévoile qu'une infime partie de sa morphologie, son dos hérissé de protubérances. Tout part de cette image, qui renvoie à divers monstres marins et concourt à l'élaboration du kraken. Pontoppidan écrit que la créature attire ses proies avec ses excréments odorants. Ce comportement correspond à celui de l'Hafgufe, version septentrionale d'un monstre médiéval, la « bête-île ». Cette dernière est si vaste et si vieille que des arbres ont pris racine sur son dos. On peut reconnaître en cette végétation une mythification des dépôts parasitaires fixés sur le corps des baleines. Les tiges arborescentes de l'échine du kraken se prêtent ainsi à deux niveaux d'interprétation. Dans la voie suivie par l'évêque de Bergen, il s'agit des bras ramifiés d'une créature connue de la science. Mais l'on pourrait tout aussi bien ramener cet attribut aux arbres couvrant le dos des cétacés légendaires. Pontoppidan avait remarqué que le nom de krabben (crabe) était appliqué « de préférence » à son animal problématique. Or, en 1706, Christian Franz Paullini, un médecin, publiait un document que lui avait transmis un ami norvégien. Il s'agissait de la description d'un monstre de l'extrême Nord du pays. C'était un crabe de si vastes proportions « qu'un régiment pourrait manoeuvrer sur son dos ». Des arbres croissaient sur sa carapace qui se hissait lentement à la surface. Nous avons ici une vision analogue à celle du kraken émergeant peu à peu, ses cornes pointées vers le ciel. La partie supérieure de l'animal évoque un groupe d'écueils, nous remettant en mémoire la bête-île des narrations médiévales. La description populaire du kraken se forme par accrétion d'apports traditionnels concourant à l'établissement du portrait d'un monstre composite, indissociable d'autres entités, tels un cétacé mythique, un crabe titanesque ou une étoile de mer magnifiée. Pontoppidan abolit cette pluralité, ne retenant que les éléments propices à sa construction naturaliste. L'assimilation du kraken à une Tête de méduse, aussi in- admissible soit-elle pour le zoologue moderne, a stabilisé le monstre en le dotant de contours définis et en l'intégrant dans le champ d'une ichtyologie spéculative. Pontoppidan a adapté le kraken aux critères d'admissibilité scientifique de son temps en retranchant les particularités incompatibles avec sa retraduction des données. Ainsi n'accorde-t-il que « 600 mètres » à la circonférence dorsale de la créature, soulignant que certains de ses informateurs attribuent à l'être des dimensions plus extraordinaires encore. Pontoppidan construit ses animaux problématiques par découpage. En raison du nombre et de l'unanimité des témoignages, il ne doute pas de leur réalité mais admet que des exagérations et adjonctions fabuleuses aient pu adultérer les rapports. L'insertion dans le cadre zoologique procède d'une épuration. Pontoppidan désenchante le kraken pour en faire un problème de sciences naturelles.

L'ouvrage du savant norvégien, traduit en anglais dès 1755, sera avidement lu et discuté par les beaux esprits du siècle des Lumières. Pourtant, on observe un glissement interprétatif à l'endroit du kraken. Les glosateurs ont désormais tendance à in- terpréter le monstre comme un poulpe géant. La notice sur le kraken du Supplément de l'Encyclopédie (1777) rend bien compte d'une telle évolution. Le rédacteur consent à se départir de son scepticisme pour conjecturer l'existence d'un poulpe aux bras « de la grosseur des plus hauts mâts de navire ». La thèse du poulpe-kraken trouvera son promoteur au siècle suivant. Dans son Histoire naturelle des mollusques (1802), le malacologue Montfort construit cet animal conjectural à partir d'un socle érudit, mais torture ses sources pour les adapter à sa thèse. Ses procédures de rationalisation se révèlent drastiques. Les arbres sur la carapace du crabe de Paullini sont lus comme de simples algues fixées sur le dos d'un animal retraduit comme poulpe géant. L'auteur écrit : « Si le kraken existe, il ne peut être qu'un poulpe, et l'animal le plus immense de tout le globe. » Montfort fait du kraken un frère septentrional du « poulpe colossal », un autre mollusque spéculatif. Ce dernier, plus agressif, n'hésiterait pas à attaquer les navires, et l'auteur produit une pièce à conviction. C'est l'image d'un ex-voto d'une chapelle de Saint-Ma- lo montrant une pieuvre géante enroulant ses bras autour des mâts d'un bateau. Le traité de Montfort scelle la disparition du kraken en tant qu'entité autonome. A partir de son ouvrage, le monstre norvégien va se fondre peu à peu dans de nouvelles identités : le poulpe puis le calmar géant. Les récits folkloriques ne seront plus admis comme l'écho mythique de rencontres avec un animal inconnu mais comme des matériaux témoignant du gigantisme de certains céphalopodes.

Desservi par ses formulations outrancières, Montfort connut un long purgatoire intellectuel. Sa revanche posthume sera tardive et ambiguë. Une quarantaine d'années après la mort du malacologue, la science reconnaît le gigantisme céphalopodien, mais c'est de calmars et non de poulpes qu'il s'agit. Un événement allait accélérer cette reconnaissance. En 1861, l'aviso français Alecton rencontra au large de Ténériffe un calmar de 5 mètres. L'équipage voulut capturer le mollusque, qui s'échappa en abandonnant un bout de queue. L'épisode fit autant de bruit à l'Académie des sciences que dans le grand public. Le capitaine ayant désigné l'animal comme un « poulpe géant », l'aventure contribua dans un premier temps à réhabiliter les thèses de Montfort auprès des vulgarisateurs et des romanciers. Dans les Travailleurs de la mer (1866), Hugo présente ainsi l'adversaire de Gilliatt : « Ce monstre est celui que les marins appellent poulpe, que la science appelle céphalopode, et que la légende appelle kraken. » Mais l'évolution du kraken n'était pas achevée. Quelques années après l'affaire de l'Alecton, les échouages de calmars géants sur les côtes de Terre-Neuve favorisèrent l'assimilation quasi générale du kraken à un calmar de vastes dimensions. Admis par l'institution scientifique sous le nom d'Architeuthis, le grand céphalopode prenait place dans l'imaginaire moderne. Dragon de l'ère positiviste, le calmar réoccupait la niche mythique aménagée par Montfort pour son poulpe colossal. En 1874, les Britanniques purent lire dans The Times une nouvelle sensationnelle. La goélette Pearl venait d'être coulée par un calmar géant. Pour le public, les assertions téméraires de l'auteur de l'Histoire naturelle des mollusques paraissaient confirmées. A condition de remplacer poulpe par calmar, le céphalopode naufrageur du navire français semblait avoir fait irruption dans l'actualité. On sait aujourd'hui que l'histoire du Pearl était un canular, mais l'article contribua à favoriser la fusion entre le monstre légendaire et l'Architeuthis. À la fin du XIXe siècle, le natu- raliste anglais H. Lee pouvait se recommander d'un consensus lorsqu'il écrivait que les calmars géants sont « les représentants vivants du kraken ».

En fait, la morphologie du kraken de Pontoppidan, avec ses formes arrondies, ne correspond nullement à la silhouette fuselée du calmar. En outre, ni les deux longs fouets tentaculaires ni les énormes yeux caractéristiques de ces mollusques n'apparais- sent jamais dans les descriptions norvégiennes du monstre. Qui plus est, les conteurs de Pontoppidan ne font pas mention de détails caractéristiques de la morphologie des céphalopodes (bec corné, ventouses). Alors que les ouvrages de vulgarisation disséminaient les images du kraken-calmar, les folkloristes de sa patrie d'origine recueillaient toujours auprès des pêcheurs des images du monstre conformes au modèle traditionnel. La créature s'est donc divisée. Le kraken populaire a perduré dans le savoir et l'expérience des communautés côtières norvégiennes sous forme d'un être irréductible à la science, jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale. Le second kraken, parrainé par un agent de la culture savante, délocalisé puis rationalisé, a fini par se confondre avec un monstre avalisé par l'ichtyologie, l'Architeuthis. Le kraken norvégien s'est évanoui avec la culture orale qui l'inscrivait dans la nature. Le kraken des naturalistes et des vulgarisateurs est toujours parmi nous, monstre pédagogique destiné à fixer le stade préscientifique de la connaissance des calmars géants.


Kraken

Origine : Europe , Description : Calmar géant qui se trouve dans les mers froides, et qui mesure plusieurs kilomètres de long. Il est souvent pris pour une île. Il crée un tourbillon gigantesque, quand il s'enfonce dans l'eau.

Présentation: Le kraken est une sorte de pieuvre géante qui vit dans la mer des griffes, au large de la Norsca. Il va parfois faire des excursions dans la mer médiane, quand les réserves de poissons diminuent. Sa taille est impossible à donner. Pour avoir une idée du gigantisme de cet animal aquatique, les navires qui ne moururent pas en l'approchant, le prirent pour une île. Le kraken est considéré comme une divinité par de nombreux habitant de villages de pêcheurs qui bordent la mer des griffes, car, quand il remonte à la surface, il entraîne dans son sillage des bancs de poissons, qui assurent aux pêcheurs, une pêche miraculeuse (s’ils ne s’en approchent pas trop près, bien sur).

Alignement : Le kraken est d’alignement neutre et donc attaque s’il se sent en danger.

Physique : Un kraken est énorme. Il fait de 800m. à 1Km et demi de long. Les gens qui ne les connaissent pas les prennent souvent pour des îles. Ils ont une gueule immense capable d’engloutir des bateaux entiers sans même les mâcher.

Traits psychologiques : Provoque la peur à toute les créatures qui se rendent compte que c’est un kraken, et la terreur aux créatures qui s’en rendent compte à moins de 1 Km. N’aime pas le feu mais est immunisé au autre effets psychologiques.