DAUPHINS ET MARSOUINS

BIOLOGIE , ADAPTATION A LA VIE AQUATIQUE

Dauphins (delphinidés, pontoporidés et platanistidés) et marsouins (phocinidés) présentent entre eux de nombreux points communs mais aussi d'importantes différences. De mème entre dauphins. Par exemple, la tète des espèces vivant en eau douce est mobile autour d'un axe, caractéristique physique primitive que n'ont pas les dauphins marins.

Pourtant, ces animaux sont classés dans le mème sous-ordre par la présence d'une dentition. Peut-ètre dauphins et marsouins nous fascinent-ils à cause de leur système remarquable d'écholocation qui leur permet de chasser et de communiquer. Les humains essaient trop souvent de comprendre le monde qui les entoure à travers un anthropomorphisme souvent ridicule. Comment se fait-il, pourtant, que ces animaux puissent vivre aussi harmonieusement dans un habitat qui serait fatal aux autres mammifères ? Nos conditions fondamentales de survie sont la nourriture, l'air, l'eau et un abri. Les besoins des mammifères marins ne sont pas si différents, mais leur corps s'est merveilleusement adapté à la chasse sous-marine

 

hermorégulation, respiration et circulation.

En tant que mammifère terrestre, l'homme ne peut que s'émerveiller des mammifères marins qui doivent, eux, affronter un environnement aquatique. Imaginons un instant l'effort nécessaire pour retenir notre respiration, le temps de chasser une proie. Notre physique, peu aérodynamique et la graisse qui nous protège sur terre ne seraient plus aussi efficaces sous l'eau ; la capacité réduite de nos poumons nous interdirait de longues plongées et notre respiration en surface serait malaisée à cause de la position de nos narines. L'hydrodynamisme des cétacés et leur système respiratoire spécialisé résolvent parfaitement ces problèmes.

La thermorégulation est la capacité d'un animal à maintenir sa température corporelle. Le dauphin déplace à volonté son sang vers les organes vitaux et vers sa périphérie. Chez les dauphins et les marsouins, la couche de graisse varie suivant les besoins et suivant le métabolisme. C'est un peu ce que fait l'homme lorsqu'il enfile plus ou moins de vétements pour se maintenir au chaud. Des réserves de graisse dans d'autres organes comme le foie, les tissus musculaires et une huile spéciale que l'on trouve dans les os, aident le lard à capter et distribuer la chaleur du flux sanguin vers les différentes parties du corps. Le lard de baleine protège le réseau capillaire sanguin périphérique contre la perte de calories. De mème, la simplification extrème des appendices extérieurs agit exactement dans le mème sens. Comme chez les autres mammiféres, la capacité des cétacés à maintenir la chaleur du leur flux sanguin est étroitement liée à la respiration et au systéme circulatoire. Les dauphins et les marsouins respirent par un évent situé sur le dessus de leur tète. Ils controlent l'ouverture et la fermeture de cet évent à l'aide d'un muscle en croissant, qui interdit à l'eau d'entrer durant les plongées.

L'adaptation respiratoire très particulière des mammifères marins leur permet de respirer à un rythme beaucoup plus faible que leurs cousins terrestres. Chez les humains, l'hémoglobine- la protéine du sang - transporte l'oxygène dans tout le corps mais elle n'est pas capable de le retenir pendant trés longtemps. Chez les cétacés, le sang contient également de la myo-hémoglobine dont le role est de stocker l'oxygène dans les muscles et différents autres tissus, permettant ainsi une alimentation continue du cerveau et le maintien de la tempèrature sous l'eau, mème en immersion prolongée. C'est cette protéine du sang associée aux caractéristiques physiques respiratoires des cétacés, qui permet à certaines espèces de rester sous l'eau jusqu'à une heure sans refaire surface. Le rythme respiratoire des dauphins et marsouins et trés rapide en surface, échangeant près de 90% de leur volume respiratoire à chaque inspiration. Cet échange n'est que de 5 à 15% chez l'homme. Cette rotation rapide permet une oxygénation trés importante du sang des cétacés.

Rythme cardiaque et circulation sanguine sont étroitement liés à la respiration et à la capacité de l'animal à maintenir sa température. Les chercheurs pensent qu'en plongée le rythme cardiaque est ralenti; ainsi, l'oxygène stocké dans tout le corps est distribué avec économie aux organes vitaux comme le cerveau. La circulation s'adapte d'ailleurs aux différentes profondeurs.Dés que l'animal refait surface, le rythme cardiaque s'accélére brutalement, pour alimenter rapidement les tissus de stockage en oxygéne, en prévision de la plongée suivante. L'adaptation à la vie sous-marine exige plus que le maintien de la tempèrature et que le transfert rapide de grosses quantités d'oxygène. Mème si l'homme possédait de la myo-hémoglobine, une couche suffisante de graisse et la possibilité de ralentir son rythme cardiaque, sa cage thoracique rigide et son inaptitude à supporter la présence de gaz carbonique dans le sang et dans les muscles lui interdiraient tout séjour prolongé sous l'eau. La cage thoracique des cétacés est tout à la fois résistante et souple, pour supporter les fortes pressions des profondeurs. Par ailleurs, à l'inverse des humains, ils ne souffrent pas des problèmes de décompression. Sous l'eau, de l'azote est libéré dans le sang des plongeurs. S'ils remontent trop rapidement en surface, l'azote se libère dans les tissus, ce qui cause de vives douleurs et peut mème parfois ètre mortel.

retention de chaleur et libération de chaleur composée de trois couches; épiderme, derme et hypoderme (lard). La peau du dauphin joue un role capital dans la thermorégulation. Ces shémas illustrent la circulation sanguine du dauphin et la régulation de sa température. Pour faire tomber cette température, les capillaires se dilatent et la chaleur s'échappe : pour un réchauffement, les vaisseaux se contractent, maintenant la chaleur vers l'intérieur du corps.

Locomotion.

Les cétacés ont tous des formes hydronynamiques qui en font d'excellents nageurs. Leur tète pointue se fond dans les lignes du corps et les organes externes- oreilles, membres et organes génitaux- sont dissimulés dans la masse du corps. Les oreilles sont de petits orifices remplis d'une cire protectrice, de chaque cotè de la tète. Queue et ailerons, très musculeux, battent verticalement pendant la progression. L'aileron dorsal que l'on rencontre chez de nombreuses variétés, les aide à maintenir leur équilibre mais plusieurs espèces n'en ont pas du tout. Dans ce cas, ce sont les nageoires ventrales qui jouent le role de stabilisateur et de gouvernail. Compte tenu de la nature de leurs proies, poissons, séches et , dans le cas des épaulards. D'autres mammifères marins; ces animaux doivent avoir une mobilité exceptionnelle.

Pour compenser le poids de leur couche de lard qui est fixée non sur les muscles mais sur des "longerons" cartilagineux et pour réduire la résistance dans l'eau, leur peau sécrète des lubrifiants. Les aéronefs sont conçus selon les lois de l'aérodynamique et les cétacés répondent aux lois, assez semblables, de l"hydronynamique". Selon ces théories scientifiques, l'eau la plus proche de la peau cause la plus forte résistance; La sécrétion huileuse lubrifie cette surface de contact et aide les couches d'eau plus éloignées à glisser plus facilement les unes sur les autres.

Tous les dauphins sont d'excellents nageurs mais certaines espèces sont meilleures que d'autres. Le rapport entre le volume total du corps (et l'emplacement respectif des différentes masses) et sa finesse est appelé coefficient de trainée, ou Cx. Les petits delphinidés, par exemple, étant les plus hydronynamiques ont le Cx le plus faible. Certains dauphins peuvent atteindre des vitesses de pointe de 21 noeuds (31km/h) et des vitesses de croisière de 5 à 9 noeuds (9 à 17km/h). Les chercheurs n'expliquent pas les sauts que les dauphins et les marsouins font régulièrement au-dessus de l'eau. Ceux-ci peuvent paraitre à première vue de simples jeux mais ils pourraient ètre, en fait, destinés à économiser de l'énergie en mème temps qu'à permettre une inspiration rapide et sure.

Alimentation et digestion

Le régime alimentaire du dauphin semble influer directement sur ses capacités de déplacement. Une étude faite sur les marsouins des rades a montré qu'ils passaient seulement 3% de leur temps en surface et environ 21% en déplacements. Le reste du temps était employé à la quète de la nourriture. Compte tenu de l'énorme dépense d'énergie exigée par leur mode de vie, dauphins et marsouins ne peuvent se permettre de déguster délicatement leurs aliments. La plupart possèdent des bouches et des dentitions adaptées à la préhension et à la déglutition rapide des proies. Dauphins et marsouins ne mastiquent pas; la conformation de leur systéme digestif leur permet d'avaler de gros morceaux de nourriture. Chez l'étre humain, la salive prépare la digestion des aliments dans l'estomac mais les dauphins et marsouins n'ont pas de salive. En effet, elle serait inopérante dans le milieu aqueux ou ils évoluent. La digestion se fait dans leur estomac double.

Les odontocètes peuvent se diviser grosso modo en trois catégories: les mangeurs de poisson, les mangeurs de seiche et les mangeurs de viande. Les mangeurs de poissons, qui se divisent en deux groupes Delphinidés et phocinidés présentent des adaptations légèrement différentes pour satisfaire leur gout commun du hareng, de la morue et du maquereau. Les delphinidés ont génèralement de nombreuses petites dents pointues, situées sur leurs mandibules allongées. Les phocinidés ont des dents plus plates, en forme de couteau, placées de maniére à pouvoir saisir solidement leur proie. Les mangeurs de seiche ziphiidés, dauphins pilotes et cachalots ont des dentitions variées. Les cachalots, par exemple, ont moins de dents supérieures que les mangeurs de poisson alors que les dents des dauphins-pilotes sont en majorité regroupées sur le devant au lieu d'ètre réparties tout le long de la machoire. Les ziphiidés ont trés peu de dents, et parfois mème n'en ont pas du tout. les épaulards et faux-épaulards seuls mangeurs de viande parmi les cétacés, ont de nombreuses dents sur leurs màchoires supèrieure et inférieure, afin de déchirer aisément les solides tissus des autres mammifères marins.

Une action de coopération. Les grands dauphins dirigent les poissons vers les rives des fleuves

Les couleurs et les motifs des robes des mammifères marins jouent un role important dans leur stratégie de chasse. Leur pigmentation est souvent un excellent camouflage. L'estomac des odontocétes est particulièrement bien adapté à leurs habitudes alimentaires. Sur le plan alimentaire, la plupart des dauphins et des marsouins sont des opportunistes, c'est à dire qu'ils mangent chaque fois qu'ils en ont l'occasion, qu'ils aient faim ou non. L'estomac des cétacés est partagé en trois compartiments qui rèpondent chacun à une fonction particulière de la digestion et qui permet à l'animal de tirer le plus grand parti des nourritures qu'il attrape. L'oesophage est adapté à l'ingestion de gros morceaux de nourriture qu'il conduit à l'estomac primaire ou commence la digestion; le bol alimentaire est alors envoyé vers l'estomac secondaire ou la nourriture est décomposée en éléments nutritifs que l'animal pourra absorber puis dans un estomac tertiaire ou les derniers éléments nutritifs entrent directement dans le circuit sanguin. Comme chez les autres mammifères, tout élément qui ne peut ètre assimilé, ressort de l'organisme sous formes de matières fécales.

Echolocation et communication. (cliquez-ici pour schéma)

Pour atteidre ce haut niveau de spécialisation dans la chasse, dauphins et marsouins ont développé un formidable sens de l'ouie. Les ondes sonores se déplacent environ 5 fois plus vite dans l'eau que dans l'air et la structure cranienne du dauphin est particulièrement bien adaptée au repérage acoustique. Kenneth Norris et ses collégues furent les premiers à imaginer que le "melon", la partie bombée du front des odontocètes, émettait les signaux sonar de l'animal. Ces sons rebondissent sur les obstacles et le dauphin peut ainsi "voir acoustiquement" son environnement. Ces sons, chez les dauphins, sont constitués de "clics", de sifflements et de couinements produits par le passage de l'air dans les voies respiratoires; comme lorsqu'on libère plus ou moins lentement l'air contenu dans un ballon de baudruche. Certains pensent que les sifflements sont produits dans la partie gauche du cràne et les "clics" dans la partie droite. Une autre théorie prétend que les sons produits dans le larynx sont émis directement à travers la boite cranienne. Quelle que soit la réalité, les échos sont reçus par la machoire inférieure et transmis par l'intermédiaire d'une huile trés fine à une membrane auditive à l'arrière de la mandibule infèrieure, puis vers les os de l'audition. Dans l'oreille humaine, la cochlée vibre et envoie ces vibrations aux nerfs auditifs de l'oreille interne qui transmet ensuite le message au cerveau. De mème, le son fait vibrer la membrane auditive qui transmet le son au cerveau par l'intermèdiaire de terminaisons nerveuses. Les spécialistes des cétacés admettent que l'écholocation joue un role majeur dans la recherche des proies et la reconnaissance de l'environnement mais ils préfèrent dire qu'ils se transmettent des signaux plutot qu'un véritable langage.

L'oreille humaine peut recevoir environ 30 impulsions sonar ("clics") par seconde; celle des dauphins, environ 700. Les dauphins à grand nez émettent des sons de fréquences variables, depuis les hautes (2.0 à 20 KHZ) qui servent à reconnaitre les objets, jusqu'aux basses fréquences (0.25 à 1.0 KHZ) qui leur offrent un "paysage acoustique" plus large. La fréquence change selon les activités de l'animal; repos, chasse, alimentation ou défense. Des études sur les épaulards de Puget Sound ont révélé que chaque famille dispose de sa propre panoplie de sons, comme le "chant" personnalisé de chaque baleine à bosse. Certains pensent que la haute fréquence sert à la navigation tandis que certains sons non pulsés; sifflements et couinements, inconnus d'ailleurs chez certains odontocètes (cachalots, dauphins d'eau douce, marsouin des rades et dauphin de heaviside). Permettent d'identifier un groupe aussi bien qu'un individu, son sexe, son àge et son niveau d'activité. Les "clics" pulsés se propagent plus vite que les sons non pulsés ce qui fait penser que ces derniers sont réservés à la communication à courte distance, entre individus.

Dans tous les cas, chez les dauphins, l'écholocation est extrèmement développée. Lors d'un test, un animal fut capable de reconnaitre une boule d'aluminium d'une boule de fer blanc, de dimensions pourtant strictement identiques. Cette extraordinaire faculté à distinguer entre les densités différentes conduisit les militaires à s'intéresser de prés aux dauphins, (voir,Les sodats des mers).

La chasse.

Les prouesses des dauphins en matière de chasse sont absolument inégalées dans le monde animale. Ils fondent en grande partie leur stratégie sur leur fantastique système d'écholocation. Leurs joyeuses manifestations, ( bonds, volte-face, rotations brusques, claquements de nageoires, etc . . . ), sont probablement bien autre chose que des manifestations de joie. Sons et mouvements servent sans doute à affoler les proies et à prévenir les congénères de la présence d'une nourriture abondante. Une fois repéré, le banc de poissons est encerclé par en dessous dans un charivari invraisemblable de manière à " coincer " les poissons entre les chasseurs et la surface. Des études ontmontré que les " clics " continuels émis par les dauphins servaient à regrouper les proies. Il est également possible que ces proies soient " anesthésiées " par les fréquences sonar des dauphins.

Des enregistrements ont montré que les sons émis, proches de 230 décibels, pouvaient avoir la mème violence qu'un rugissement de moteur à réaction ou qu'un coup de fusil. Les dauphins utilisent certains sons pour ralentir leurs proies et d'autres pour les tétaniser. Ces sons ont une fréquence plus basse que les autres sons émis et durent environ 1000 fois plus longtemps. Ces bruits semblent suffisamment puissants pour désorganiser les organes de perception des poissons, comme leur ligne latérale qui détecte les variations de pression.

Prés du littoral Mauritanien, les dauphins à bosse ou à grand nez poussent les bancs de mulets jaunes vers les plages. De mème, les épaulards savent fort bien créer un vacarme et une cacophonie épouvantables autour des saumons pour les rassembler et les piéger entre la plage et eux. Les épaulards emploient également cette technique pour chasser les marsouins de Dall qui sont pourtant des proies bien plus " intelligentes " que les poissons. A Madagascar, les dauphins à bosse poussent leurs proies vers un mur de lave qui se dresse dans la mer. Pour que cette stratégie soit parfaitement efficace, les dauphins attendent la marée basse pour empècher les poissons de s'échapper en sautant par dessus le mur.

Coopération et agression.

La tendance à se grouper en haute mer ou prés des cotes, quelle que soit l'importance des groupes, favorise de toute évidence les stratégies des uns et des autres. Dans les troupeaux, cependant, les relations sociales complexes sont assez mal connues. En premier lieu, les théories concernant les relations de dominance dans le troupeau sont basées sur la seule observation de la variété la plus connue en captivité, les dauphins à grand nez. Ces études ont montré que les màles, sans doute parce qu'ils sont plus gros que les femelles, sont spontanément les individus dominants du groupe. Cependant, en mer, la relation la plus forte dans le groupe est celle qui lie la mère à son petit et que certains se déplacent en groupes d'adultes de sexes et d'àges différents. Cette ségrégation varie cependant d'une espèce à l'autre.

Les baleines pilotes, par exemple, nagent selon plusieurs types de formations ( femelle et leurs petits ; femellles, petits et trés jeunes adultes ; et groupe d'adultes où les màlessont majoritaires. ) Les familles d'épaulards, pour leur part, pratiquent le système social dit "avunculaire" dans lequel les femelles d'un mème groupe, les "tantes" participent toutes à l'éducation des jeunes. Les bandes de jeunes màles "célibataires" chez les cachalots sont assez bien connues. L'étude des marsouins des rades à Digby Gut, dans la baie de Fundy, confirme l'idée de troupeaux séparés pour les màles, les femelles, les jeunes et les vieux.

Chez les odontocètes, des balafres profondes sur les flancs illustrent l'agressivité des màles lors des combats précédant les accouplements. Cette compétition entre màle est directement liée, comme d'ailleurs chez presque tous les autres animaux, à l'instinct de reproduction et est destinée à attirer l'attention des femelles. Les combats ont lieu à coups de dents et les traces restent généralement profondément inscrites dans leur cuir. Bien que le comportement des dauphins en captivité soit sensiblement diffèrent de celui qu'ils manifestent en liberté. La composition des groupes est trés variable mais des recherches indiquent également que la position de "dominant" n'est pas non plus figée. Des individus différents peuvent, quel que soit leur àge, "conduire" le groupe. Curieusement, pour diriger, le dominant se tient généralement à l'arrière de son groupe. Un cétacé agressif se présentera de profil à son adversaire, tout en découvrant ses rangées de dents, en claquant des machoires et en s'agitant en tout sens. De cette manière, il stimulera un volume plus imposant.

La hiérarchie au sein du groupe semble contredire le comportement "coopératif" en période de chasse. La coopération ne signifie pas, dans ce cas, que la position de dominance est purement et simplement abandonnée. Il s'afit, semble-t-il, d'une concession passagère pour profiter au maximum de la force du groupe, efficacitè et sécurité. Pendant que certains chassent, d'autres protègent les jeunes. Malgré ces comportements d'entraide, les hostilités reprennent entre màles, dés que revient le temps de la reproduction.

Reproduction et éducation.

Chez les espèces monogames, le père doit obligatoirement jouer un role éducatif. La monogamie, chez la plupart des espèces animales, apparait lorsque la nourriture se fait rare. Les odontocètes étant une société naturellement polygame. La plupart des jeunes restent auprés de leur mère durant de nombreux mois, se nourrissant d'un lait maternel riche en graisses et apprenant les techniques de chasse. De nombreux chercheurs pensent que, dans leur cas, le role éducatif du père du père est trés limité. On cite par exemple, un épaulard màle qui a forcé une otarie à rester dans l'eau pour permettre à son jeune de la chasser.

Les màles sont trés démonstratifs dans leur parade nuptiale. Poursuites, bonds, caresses, cette danse de séduction est un moment trés "tactile" dans la vie sociale de l'animal. Dresser la tète, pencher tout le corps, se retourner, étendre les nageoires, sauter en l'air en frappant l'eau de la queue sont autant de figures de cette danse nuptiale. Les dauphins sont également connus pour un geste de bienvenue qui consiste à présenter mutuellement son ventre. On considère ce geste comme un signe amicale invitant au contact mais également comme signe d'adieu lorsque les deux partenaires se séparent. Bien que ces comportements soient employés dans de nombreuses circonstances, leur utilité est surtout mise en évidence lors des préparatifs d'accouplement.

Ont été observés de longues séances de caresses au cours desquelles plusieurs individus nagent en se frottant mutuellement le ventre. Lesfemelles signalent aux màles qu'elles sont prètes à s'accoupler par un changement de coloration de la région génitale et, chez certaines espèces, la composition chimique de leur urine se modifie et transmet l'information aux màles des groupes environnants. Lorsque la parade nuptiale est accomplie, le màle et la femelle se collent l'un à l'autre, ventre contre ventre, verticalement ou entre deux eaux, la femelle doit refaire surface à intervalles réguliers pour reprendre sa respiration et pour cette raison, l'acte sexuel peut prendre un certain temps.

Lorsqu'elles sont fécondées, les femelles portent leur foetus de 10 à 12 mois ( et jusqu'à 15 mois chez certaines espèces se nourrissant de calmars. ) Dauphins et marsouins ne donnent naissance qu'à un seul petit à la fois. Dans les hautes latitudes, les naissances se produisent du printemps à l'automne. Dans les régions tropicales, les accouchements sont plus étalés tout au long de l'année. Les femelles sur le point d'accoucher sont souvent entourées par les "tantes". Alors que la mère rompt elle-mème le cordon ombilicale d'un brusque mouvement du corps, on relate le cas d'un dauphin obscur en captivité qui vint à l'aide d'une femelle en difficulté en sectionnant le cordon ombilical d'un coup de dents. Les tantes jouent un role trés importants dans la vie du jeune. Dés la naissance, ce sont elles qui poussent le petit vers la surface pour sa première goulée d'air. Pendant la chasse, ce sont encore elles qui protègent les petits tandis que les mères se nourrissent. Les jeunes odontocètes restent prés de leur mère pendant prés de deux ans, tétant pendant plus d'un an mais chez certaines espèces, les jeunes avalent des nourriures solides dés l'àge de 6 mois.

L'observation des épaulards semble indiquer que les femelles restent auprés de leur mère jusqu'à leur mort. Les petits nagent prés de leur mère, un peu au-dessus de sa ligne médiane et en avant de l'aileron dorsal. Les dauphins et les marsouins se reconnaissent entre eux gràce à leurs colorations et à leurs marques, quant aux jeunes, ils reconnaissent peut-ètre leur mère à leurs sifflements. Une femelle qui venait de mettre bas se mit à siffler plusieurs jours de suite, probablement pour habituer son petit à la reconnaitre au son. Les marsouins des rades et les dauphins communs atteignent leur maturité sexuelle vers 3 ou 4 ans, tandis que les énormes épaulards màles ne l'atteindront que vers l'àge de 16 ans.

On pourrait s'imainer que les dauphins gambadent librement dans les mers, à la recherche de contacts sexuels. La nature possède pourtant son système de régulation des naissances dont l'exemple-type est celui, trés élaboré, pratiqué chez les épaulards. Chasseurs extrèmement efficaces et gloutons invétérés, ils savent instinctivement que la surpopulation les méneraient immanquablement à la disette. Chaque fois qu'un membre meurt ou est capturé, comprenant qu'ils doivent le remplacer, leur cycle de reproduction est réactivé.

<malgré les connaissances réduites sur la fréquence de reproduction chez les dauphins tachetés, on a observé, dans les groupes décimés par les compagnies de pèche, un abaissement sensible de l'àge de la maturation sexuelle.

Un dauphin de risso femelle et son petit font surface pour respirer. A sa naissance, le dauphin de risso est gris clair. Plus tard, il brunira pour finalement acquérir la robe balafrée de blanc et de gris qui le rend si reconnaissable.>

Attentions diverses et entraide.

Les odontocètes se déplacent en groupes importants, gardent trés longtemp leurs jeunes auprés d'eux et, juste avant l'accouplement, s'adonnent à des séances de caresses et de jeux. Les observateurs se sont longtemps interrogés sur les comportements protecteurs manifestés par les cétacés. On sait qu'ils ont l'habitude de se tenir prés d'un individu blessé, nageant vivement autour de lui comme pour l'encourager et éloignant son éventuel agresseur. On a souvent observé des individus soutenant un congénère blessé pour lui permettre de venir respirer à la surface.

La vie social complexe des dauphins, associée à leurs gros besoins alimentaires, exige des jeunes qui restent logtemps dans le cercle familial afin d'acquérir tous ces réflexes indispensables à la survie. Chez les dauphins et marsouins, pour qui le lien mère-jeune est extrémement étroit, ce lien de parenté est probablement le facteur primordial. Certains pensent que le principe de réciprocité est plus faible que chez l'ètre humain par le fait mème que le groupe est fluctuant et instable, mais de leurs cotés, des scientifiques pensent que la réciprocité est prouvée par certains comportements altruistes. Ils ajoutent mèmes que cette réciprocité étant obligatoirement étalée dans le temps, il se pourrait bien qu'ils aient un souvenir précis et raisonné de leurs actions antérieures.

Le comportement protecteur observé nait de la trés forte relation mère-enfant. Les màles aident rarement les femelles blessées et jamais un autre màle. La protection entre femelles semble logique dans la perspective de réciprocité mais, au sein d'un système social polygamique, le fait pour un màle odontocète d'en aider un autre ne pourra, à plus ou moins long terme, que lui porter préjudice. La protection accordée à une femelle en danger risque d'empécher le màle de rejoindre et de féconder d'autres femelles. L'énergie necessaire à la gestation et à l'éducation d'un jeune mammifère marin alliée à la relative complexité de son alimentation, impose un comportement protecteur plus poussé que sur terre.

Les dauphins manifestent certains comportements "charitables" et se servent apparemment d'un système de communication élaboré. Peut-on pour autant les comparer aux notres ? Ces comportements existent indubitablement chez les odontocètes et leur originalité absolue dans le monde animal accentue notre intéret pour leur intelligence. Mais leur fameux comportement "amical" pourrait simplement venir du fait qu'en l'absence de véritables prédateurs, leur appétit insatiable les pousse plus à la curiosité que leur instinct de survie à la prudence.

<un petit dauphin tacheté nage prés de sa mère. Les autres femelles surveillent les petits qui sont trop faibles ou trop lents pour suivre le troupeau.

Les femelles épaulards, mères et tantes, sont les principales éducatrices des jeunes individus. >

La survie

Les principes de base de la survie; maintien de la température, déplacement dans l'eau et aptitude à se nourrir, sont communs à toutes les variétés de dauphins et de marsouins. Cependant chaque variété présente ses caractéristiques que les chercheurs mettent régulièrement à jour. Le sommeil, si important chez l'ètre humain, ne concerne que la moitié du cerveau des dauphins et des marsouins. Certains, les dormeurs de surface, dorment entre deux eaux, tandis que d'autres, dormeurs de fond, les dauphins d'eau douce dorment sur les fonds des rivières. Ni les uns ni les autres ne semblent avoir besoin de beaucoup de sommeil. Alors que l'homme sollicite ses muscles toute la journée pour se maintenir en position verticale et pour compenser la pesanteur, les dauphins flottent sans effort, mème en dehors des périodes de sommeil. A l'inverse des humains qui respirent de manière inconsciente, les dauphins doivent penser à leur respiration. Tandis que dauphins et marsouins possèdent tous certaines caractéristiques communes, d'autres, comme le sommeil, présentent de subtiles variations d'une espèce à l'autre. Au sein mème des espèces, l'adaptation et la différenciation ont amené de nombreuses variantes dans les comportements. Tous les membres de l'espèce sont incontestablement liés mais chacun d'eux présente ses propres caractéristiques.