PREMIERES PHOTOGRAPHIES DES CAMPAGNES DE CHASSES

Bien que de moins en moins nombreux, les grands voiliers Américains ont poursuivi leur activité jusqu'en 1920, bien aprés l'invention de la photographie et du cinéma. Ainsi sont apparues ces photos aussi étonnantes qu'anachroniques.

Dans la baleinière, avant la chasse, les marins font l'apprentissage de la rame. A l'exception du harponneur (au fond, prés de ses armes), la baleinière avait moins besoin de marins expérimentés que de rameurs disciplinés. La plupart étaient trés jeunes, ils n'avaient souvent jamais navigué ni mème vu la mer. Pendant la chasse, les rameurs tournaient le dos à la baleine. Il leur était interdit de se retourner. La ligne, extrémement dangereuse courait au dessus des avirons, de l'avant à l'arrière, au milieu des rameurs.
Sur le pont du avire, la tète d'une baleine franche, reconnaissable à ses grands fanons sous la courbe claire de la màchoire supèrieure, vient d'ètre séparée du corps. Les dépeceurs se préparent à débiter le lard et à extraire les fanons.
Le Charles W. Morgan, un des plus cèlèbres baleiniers Américains, toutes voiles pendantes, attend le vent. Au sommet, le nid-de-pie est vide. En période de chasse, il est occupé en permanence.
La construction du four. Le four était un élément essentiel du navire baleinier puisqu'on y fondait le lard afin de le transformer en huile. Cependant, lourd et volumineux il génait la manoeuvre et compromettait la stabilité du navire.
Aussi ne l'édifiait-on qu'une fois arrivés sur les terrains de chasse. Sur le pont, juste derrière le màt de misaine, une cuve a été aménagée sur laquelle le maçon pose les briques qui constituent le sol. Avant d'allumer le feu, cette cuve est remplie d'eau afin d'éviter que le feu ne se communique au navire, danger toujours présent.
Cet appareillage de briques gardait une chaleur constante, élevée et durable: c'étaient là des qualités indispensables, car le navire n'aurait pu embarquer suffisamment de bois pour entretenir le four à la température exigée pendant la vingtaine d'heures que demandait chaque dépeçage.
Au retour, le four était démonté brique par brique, jeté par-dessus bord. Et quand le Morgan, revenait au port on pouvait voir les deux énormes chaudrons renversés sur le pont.
Dans la fumée du fondoir. Parmi les différentes espèces de baleines, chaque partie anatomique donnaiot une huile de qualité différente, chacune demandant un traitement particulier.
Le temps de fusion devait ètre rigoureusement respecté. Afin d'assurer une fusion homogène, le lard devait ètre débité en petits morceaux puis en tranches si fines qu'on les appelait "bibles".
En un deuxième temps, le lard en partie fondu était récupéré sous forme de "beignets", puis remis à fondre. Sur chaque cotè du four, l'huile refroidit dans un grand bac avant d'ètre mise en fùts. Elle sera ensuite descendue dans la cale par un vaste panneau situé entre les deux premiers màts. Le 27 mai 1832, le Charles W. Morgan revenait à New-Bedford chargé de 1150 tonneaux d'huile, d'une contenance d'environ 150 litres chacun.
Les travailleurs de la baleine.
Une "belle" journée de chasse pouvait signifier jusqu'à 10 ou 12 baleines tuées. Le dépecage se prolongeait alors pendant dix jours et dix nuits, dans la fumée àcre et la puanteur de l'huile. L'équipage se relayait par bordées, par quarts de six heures, dépeçant la carcasse et alimentant les énormes chaudrons.
Le four marchait en continu. Pendant le dépeçage, les hommes n'avaient pas de repas régulier et une scène comme celle de la photo ci-contre était réservée aux moments plus calmes. Les marins se contentaient de faire frire des biscuits dans le lard en fusion.